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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/309

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RENNES

Le lendemain, à la première séance du huis clos quand il en vint, dans son explication du dossier secret, à la dépêche du 2 novembre, il raconta donc les étapes successives du déchiffrage et conclut que la dernière version, à laquelle les cryptographes s’étaient arrêtés, était seule exacte, comme cela avait résulté, dès 1894, de la contre-épreuve de Sandherr et avait été reconnu plus tard par le comte Tornielli. Il y avait ainsi entente complète, « absolue », entre les deux ministères de la Guerre et des Affaires étrangères sur la traduction, « et la discussion ne pouvait pas être ouverte à nouveau ». Mais, entre temps, « dans le feu, dit-il, de la conversation[1] », « il oublia la résolution qu’il avait prise avec lui-même de ne pas se servir de la note qu’il tenait de Mercier », et il en lut la première page, d’où il tira diverses conclusions, notamment que les partisans de la traduction inexacte, et parmi eux Du Paty, avaient été « de bonne foi[2] ». Pour les autres pages, il était inutile de les lire, parce que les assertions qui s’y trouvaient étaient « complètement fausses[3] ». Labori ayant réclamé alors de voir l’étrange pièce, il y consentit après quelque hésitation[4], mais à la condition que la défense (ni les juges) ne regarderaient à la deuxième et à la troisième pages.

  1. Rennes, II, 225, Chamoin ; 227, Labori : « Je rends hommage à la profonde sincérité du récit de M. le général Chamoin qui est entièrement conforme à ce qui s’est passé. »
  2. Ibid., 227, Labori : « M. le général Chamoin en avait tiré des conclusions disant que le colonel Du Paty était de bonne foi. »
  3. Ibid., 229, Chamoin.
  4. Ibid., 227, Labori : « Je voudrais cependant faire préciser un point, c’est que, pour avoir connaissance de la note, j’ai dû insister. C’est exact ? — Chamoin : C’est exact. » Labori avait demandé à voir la note au moment où Chamoin la repassait à son officier d’ordonnance, le capitaine Moreau.