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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/34

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Dreyfus. Il se pourvut, en effet, bien qu’il n’y fût pas partie, contre l’arrêt en règlement, qui perdait ainsi toute force exécutoire. — Picquart, d’accord avec Leblois, ne doutait pas que le conseil de guerre n’aurait pas manqué l’occasion de le condamner. Le procès correctionnel, où ils étaient tous deux inculpés, avait été ajourné dès septembre, comme on s’en souvient, après l’arrêt sur la Revision. — Ainsi Picquart échappa définitivement aux soldats pour le petit bleu, et ses autres affaires étaient renvoyées à des temps plus calmes, quand l’innocence de Dreyfus serait démontrée et prouverait la sienne.

Quelques jours plus tard, Accarias conclut au rejet de la requête d’Esterhazy en suspicion légitime contre Bertulus[1].

Dans l’intervalle, l’impression du dossier de l’Enquête avait été achevée, et des exemplaires en furent distribués à tous les membres de la Cour[2]. Puis, Mazeau désigna le rapporteur des Chambres réunies ; Tanon, le président de la Chambre des Requêtes, étant notoirement favorable à la revision, il l’écarta et s’adressa au successeur de Quesnay à la présidence de la Chambre civile, Ballot-Beaupré.

C’était un magistrat de carrière[3], qui avait débuté modestement, en 1861, comme substitut à Montbrison, avait occupé à Nancy, avec une grande autorité, les fonctions de procureur général et de premier président, et siégeait depuis dix-sept ans à la Cour suprême. Mazeau, s’il n’avait pensé qu’à la justice, n’aurait pas

  1. Rapport d’Accarias et réquisitoire de l’avocat général Mérillon (9 mars 1899).
  2. 4 mars.
  3. Né à Saint-Denis, île de la Réunion, le 15 novembre 1836, docteur en droit.