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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/342

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


disent les experts, est de fabrication courante » ; aucune conclusion à en tirer, tout le monde pouvait en avoir : Mme Séverine est convenue qu’elle se servait toujours « du papier du bordereau » ; Mercier lui-même en a fait fabriquer devant lui, à Paris, et il a su d’un nommé Calais, papetier au Mans, où Dreyfus était en garnison en 1884, que ce marchand en avait eu en vente à cette époque[1]. Cependant, il n’est pas établi qu’Esterhazy se soit servi du même papier[2] et ses deux lettres au tailleur Rieu (reconnues authentiques par Esterhazy) sont probablement des faux[3].

Aussi bien toute la campagne en faveur de la revision a été payée par un complot international, « à coups de millions, dont 35 venus rien que d’Allemagne et d’Angleterre, » ainsi que Freycinet lui-même l’a dit au géné-

  1. Rennes, I, 136, Mercier.
  2. Compte rendu sténographique : « On a trouvé des lettres du commandant Esterhazy sur du papier pelure. » Compte rendu revisé : « Sur un papier pelure », — pour indiquer que ce n’est pas le même papier que celui du bordereau.
  3. Rennes, I, 137, Mercier. — Il faut passer (ou il y faudrait un volume) sur les erreurs secondaires, presque toutes voulues, et les vulgaires sottises : « Les expressions du bordereau comme : note, formation, plan nouveau, indiquent tout de suite quelqu’un qui est au courant des habitudes du ministère. » (106.) « Trois documents sur cinq concernent le service de l’artillerie. » (107.) « D’abord au sujet du manuel, le bordereau dit : « Ce dernier document est extrêmement difficile à se procurer. » Cela n’est pas français, mais il n’est pas surprenant qu’une tournure vicieuse de ce genre-là se soit trouvée sous la plume du capitaine Dreyfus qui, par son éducation et ses habitudes de famille, appartient à l’industrie. » (108.) « Dreyfus, ayant été à Bourges, a dû s’initier aux détails du frein. » (119). « Henry était, par ses aptitudes, par son instruction générale, peu apte à connaître les questions qui se traitaient à l’État-Major. » (131.) — Sur Esterhazy, Mercier reprend, contre Esterhazy lui-même, la vieille thèse qu’il ne pouvait pas connaître les sujets traités au bordereau.