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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/361

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RENNES


qu’il pouvait remuer les jambes, indice qu’aucun organe essentiel n’était atteint[1] ; il n’avait eu aucun crachement de sang ; impossible pourtant de se prononcer avant d’avoir examiné la plaie et sondé la blessure. Des soldats allèrent chercher une civière, on l’étendit sur un matelas et on l’emporta chez lui où les médecins (le major Renaud, les professeurs Reclus, Brissaud et Widal) procédèrent à une minutieuse inspection. La balle, en pénétrant dans la région postérieure du thorax, avait déterminé « un gros épanchement sanguin qui empêchait momentanément l’exploration des parties profondes » ; probablement le projectile était resté « dans l’épaisseur des muscles de la gouttière vertébrale » ; il fallait encore « faire toutes réserves sur l’intégrité des poumons et de la moelle épinière[2] ».

Entre temps, toutes les forces disponibles de police et d’importants détachements militaires se mobilisèrent à la recherche de l’assassin. Picquart et Gast, revenus, sous une pluie battante, de leur course infructueuse, donnèrent des indications jusqu’au moment où l’homme, poursuivi seulement par le domestique de Labori, s’était jeté dans les prés de Baud. Là, les patrouilles de gendarmes à cheval pouvaient réussir à le cerner, « mais les haies étaient épaisses et les grands bois proches[3] ».

La disposition du pays (dont Balzac a fait, dans les

  1. Selon Claretie, ce serait Labori lui-même qui aurait demandé aux médecins : « Est-ce que je remue l’orteil en ce moment ? » — Récit de l’Aurore : « Le docteur Brissaud demande à Labori de remuer les jambes ; il les replie lentement : « Maintenant, je suis rassuré, dit avec joie Brissaud. La blessure n’est sûrement pas grave, mon bon ami. »
  2. Bulletin du 14 août 1899, 8 h 20 minutes du matin.
  3. Récit de Picquart. (Temps du 15.)