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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/388

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


discussion technique du bordereau. Zurlinden, au contraire, refusa de s’engager dans des hypothèses, parce qu’on n’avait pas les documents mentionnés au bordereau, et que, « dans l’état ordinaire, il était impossible de les demander à la puissance au profit de laquelle la trahison avait été faite[1] ». Dreyfus dit aussitôt qu’il priait qu’on réclamât à Berlin « les quatre notes », puisque Zurlinden les jugeait nécessaires « pour établir la vérité » et qu’il ne souhaitait, lui, que la vérité. — Pour Billot, après avoir avoué qu’il avait eu des nuits sans sommeil et « qu’il en avait encore », il allégua seulement deux preuves : contre Picquart, que celui-ci ne lui avait rien dit, en son temps, de l’espionne italienne qui aurait vu chez un officier supérieur deux lettres de Dreyfus[2] ; la révélation de cet incident[3] a été pour lui « un trait de lumière » ; — contre Dreyfus, qu’un boyaudier de Lyon (l’un des témoins de Quesnay) avait surpris, « à la fin de mars ou au commencement d’avril 1894 », la conversation de deux officiers allemands dans un restaurant ; « ils parlaient français » pour ne pas être compris des garçons ; l’un disait que « c’était écœurant de voir des officiers de l’État-Major français vendre leur pays », et l’autre que c’était un bien : « Ainsi, dans quelques jours, Dreyfus, qui a déjà fourni le frein (en mars, quand le bordereau, de l’aveu même de Billot, est de septembre), va envoyer le plan de mobilisation[4]. »

Ni Dupuy ni Poincaré, qui auraient confirmé Casimir-Perier, comme ils l’avaient déjà fait, n’avaient été cités,

  1. Rennes, I, 205, Zurlinden.
  2. Voir t. II, 219.
  3. Rennes, I, 53, Delaroche-Vernet.
  4. Ibid., I, 171, 177, 179 et 180, Billot ; III, 136, Villon ; 669, Demange.