Aller au contenu

Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
423
RENNES


lui, il avait sur sa table un rapport qu’il achevait pour l’autre police.

Waldeck-Rousseau crut d’abord que Guérin se contenterait d’une démonstration (pour amuser la galerie), mais qu’il hésiterait à se mettre en rébellion, et lui donna trois jours. Le prétendu policier les employa à achever son armement[1], se ravitailler de vivres, établir des communications avec des immeubles voisins et s’engager par des proclamations[2] et toutes sortes de discours aux journalistes qui affluaient chez lui. Il leur montra ses fusils (des carabines à dix coups), un dépôt de plusieurs milliers de cartouches[3], un lot de sabres et de matraques, ses fenêtres blindées, et les deux cellules dont l’une m’avait été réservée : « la cage à Reinach ». Sa bande se composait de quatorze hommes, trois représentants de commerce et onze rédacteurs et employés à l’Antijuif[4].

Quand donc, le 15 août au matin, le commissaire Hamard se présenta avec son mandat d’arrêt, Guérin, de la fenêtre, l’injuria, au grand amusement de la foule, cria qu’on ne les aurait, lui et les siens, que « morts ou libres, dussent-ils f..... le feu à la baraque[5] ».

  1. Il fit acheter par Spiard quatre mousquetons Winchester et 300 cartouches. (Coulisses, 152.)
  2. Manifeste du Grand Occident de France et appel au peuple : « Ceux qui sont prêts à mourir pour la cause de la liberté vous saluent. » Signé : Jules Guérin et ses camarades.
  3. Procès-verbal des perquisitions : « Une caisse contenant 3.264 cartouches. » (Haute Cour, IV, 43)
  4. Spiard, l’auteur des Coulisses, Mayence, Chanteloube, George Otto, Ledet, Lejeune, Garcia, Alexandre, Potier, Larquier, Gry, Mandrin, Capdeville et Pinté. — Les typographes du journal partirent le 15 août.
  5. Le 23, apercevant Puybaraud dans In rue, il lui cria la même phrase. (Temps du 24.)