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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/451

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RENNES


chef de nos armées en temps de guerre », les estimations, sans doute « arbitraires », de personnes compétentes, « ou se disant telles », et « sans se les approprier ». — Roget, interrogé par Labori, sur le Syndicat, avait répondu : « C’est une institution publique, tout le monde en parle[1]. » — D’ailleurs, cette somme représente « l’effort total depuis l’origine de l’Affaire dans le monde entier », mais la France exceptée, car « la campagne y a été très désintéressée », l’argent étranger « n’a joué aucun rôle dans le procès en revision », et il rend hommage à la haute probité de Scheurer.

Il sentit la grossière subtilité de ces propos (si c’était ceux qu’il avait tenus) ou de sa rectification, essaya de se dépêtrer par des phrases qui sonnaient faux, des compliments à tout le monde : « La confiance des soldats dans les chefs… Les passions généreuses de ceux qui les attaquent… Apprenons à nous estimer. Ces aveux partent d’un cœur qui n’a plus grand’chose à souhaiter pour lui ici-bas. »

Mais comme il tenait à être réélu sénateur et à redevenir ministre, quand Brogniart lui demanda « s’il avait

  1. Rennes, II, 255, Roget. — J’insistai, à plusieurs reprises, pour que la défense « liquidât » la question du « Syndicat » : « Les gens, imbéciles ou scélérats, qui parlent du Syndicat, doivent savoir au moins de quels membres il est composé, où il loge, quelles sont ses opérations. Il faut les mettre au pied du mur, les obliger à parler, à dire tout ce qu’ils savent de cette mystérieuse association. Alors, de deux choses l’une : ou ils donneront des noms, et l’on pourra enfin, devant des déclarations claires, nettes, précises, les poursuivre pour diffamation ; ou ils se réfugieront dans l’équivoque et, par cela même, avoueront qu’ils sont ou des drôles ou des niais… Le Syndicat, s’il n’est pas composé de simples crétins, a dû faire des tentatives auprès des petites vierges du nationalisme et de l’antisémitisme, leur envoyer des émissaires autorisés. Nommez donc ces émissaires. Dites les sommes qui ont été refusées par ces pucelles. » (Siècle du 23 août 1899.)