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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/455

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RENNES


Avec les témoins de Quesnay, on toucha le fond du fond de la sottise. C’étaient l’avocat Mertian et le boyaudier Villon, dont on connaît déjà les racontars, le maquignon Germain (deux ou trois fois condamné pour escroquerie), qui avait vu Dreyfus suivre les manœuvres prussiennes à Mulhouse ; son ancien patron, non seulement lui donna le démenti, mais raconta que Sandherr avait assisté à des exercices de tir en Alsace et le lui avait dit à lui-même ; et un propriétaire normand, du Breuil, ancien magistrat, qui savait d’un mari trompé que Dreyfus fréquentait des étrangers et était « indigne de porter l’uniforme[1] ».

Entre temps, Drumont révéla des propos de Schwarzkoppen au comte de Chézelles : « Oui, Dreyfus, nous a livré des documents ! » et du général Bronsart de Schellendorf à un Anglais : « Dreyfus est un coquin et un espion. » Chézelles répliqua que Schwarzkoppen ne lui avait jamais parlé de Dreyfus et le général prussien qu’il n’avait rien dit de tel à personne[2].

    preuves. » — L’iconographie de l’Affaire est considérable ; il faut citer, en première ligne : Forain, du côté des nationalistes, et, du côté des revisionnistes, Renouard, Couturier, Hermann-Paul, Ibels, Feuillet.

  1. Rennes, II, 101 et III, 112, du Breuil (il fut démenti par Linol, liquidateur judiciaire, à qui Bodson avait dit, au contraire, qu’il tenait Dreyfus pour innocent) ; III, 118, Germain (démenti par le commandant d’Infreville : « C’est une confusion de noms » ; et par Kulmann, marchand de chevaux : « Jamais je ne suis sorti à cheval avec Dreyfus ») ; 135, Villon. — Du Breuil fut condamné par la suite pour diffamation à un mois de prison (avec sursis). (Tribunal de Coutances, 7 septembre 1903.)
  2. Libre Parole du 24 août. — Démentis du comte de Chézelles (27 août), de Bronsart dans la Gazette de Cologne du 31.