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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/495

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RENNES


par deux fois, la conversation avait été déclinée au sujet de ces documents, il n’y avait pas moyen de faire une autre réponse à la requête de Labori. — Par contre, si la défense propose d’adresser des commissions rogatoires à Schwarzkoppen et à Panizzardi, le ministère des Affaires étrangères les transmettra[1].

Il était impossible de faire plus, de dire plus clairement aux juges que le gouvernement n’apercevait aucun danger à interroger régulièrement les anciens attachés militaires, et aux avocats qu’il fallait faire prononcer à l’audience publique les noms des autres espions qui auraient été dénoncés à Cernuski en même temps que Dreyfus.

Mais ni les avocats ne comprirent la portée de l’avis, ni les juges qu’il y aurait un déni de justice à recueillir complaisamment le témoignage d’un aventurier cosmopolite du dernier ordre et à refuser ceux d’un général italien et d’un colonel allemand.

Ces incidents, qui soulevaient à nouveau l’opinion en tempête et dont les partis attendaient en sens contraires d’importants résultats, furent réglés sommairement par le conseil de guerre, comme par une commission militaire.

Apparemment, Jouaust se rendit compte de la faute où il s’était laissé amener en n’écartant pas Cernuski ; sa mauvaise humeur s’en accrut, et, comme son mécontentement de lui-même se tournait contre Labori et les derniers témoins à décharge, il n’y avait plus personne qui ne le crût décidé à recondamner Dreyfus.

Du moment que le gouvernement refusait de demander les notes du bordereau, la cause, sur ce

  1. Waldeck-Rousseau m’ayant écrit dans ce sens, je transmis immédiatement l’avis à Mathieu Dreyfus ; Carrière et Paléologue furent officiellement informés.