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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/504

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Peut-être eut-il lui-même la vision d’un geste historique ; mais il réfléchit, ou son chancelier réfléchit pour lui. Impossible d’envoyer Schwarzkoppen à Rennes, au milieu d’une telle agitation des esprits. Impossible que l’Empereur parle lui-même, s’expose au démenti direct d’un verdict de condamnation. Rien ne vint donc de Berlin, le troisième jour après la dépêche, qu’une note, ainsi conçue, en tête de la partie officielle du Moniteur de l’Empire :

Nous sommes autorisés à renouveler les déclarations que, en ce qui concerne le capitaine français Dreyfus, le gouvernement impérial, tout en restant dans la réserve que commande la loyauté dans une affaire intérieure d’une puissance étrangère, mais afin de sauvegarder sa dignité propre, a faites pour remplir son devoir d’humanité.

L’ambassadeur, prince de Munster, a remis, sur l’ordre de l’Empereur, en décembre 1894 et en janvier 1895, à M. Hanotaux, ministre des Affaires étrangères, à M. Dupuy, président du Conseil, et au président de la République, M. Casimir-Perier, des déclarations réitérées que l’ambassade allemande en France n’avait jamais entretenu de relations, ni directes ni indirectes, avec le capitaine Dreyfus.

Le secrétaire d’État, M. de Bülow, s’est exprimé en ces termes, le 24 janvier 1898, devant la commission du Reichstag : « Je déclare de la façon la plus formelle qu’entre l’ex-capitaine français Dreyfus, actuellement détenu à l’île du Diable, et n’importe quels organes allemands, il n’a jamais existé de relations ni de liaisons de quelque nature qu’elles soient[1]. »

Il n’y avait, dans cette note, aucun fait que les juges de Rennes ne connussent déjà ; mais le ton en était

  1. Moniteur de l’Empire du 8 septembre 1899.