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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/507

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RENNES


« tout ce qui était le témoignage des étrangers, intéressés à nous tromper », « alors même qu’on eût pu l’interpréter contre Dreyfus ». Ainsi, « le souverain d’un pays limitrophe a dit à un attaché militaire que l’Affaire était la preuve de la puissance des juifs » ; ce propos était certainement une charge. « Nous ne nous en sommes pas servis », conclut-il ; et, à l’instant même, il en fait usage.

Le combat fut particulièrement vif autour des journalistes qui avaient recueilli les confidences d’Esterhazy[1]. Carrière nia, « au nom de la mémoire vénérée » de Sandherr, que le bordereau eût été commandé à Esterhazy[2] ; de même Roget. Billot pataugea : « Esterhazy fût-il coupable, cela n’innocenterait pas Dreyfus » ; et, certainement, « il y a eu des intermédiaires entre Dreyfus et Esterhazy ». Sur l’accusé de réception qu’il avait envoyé à Esterhazy pour le document libérateur[3] : « Le ministre de la Guerre, dit-il, reçoit 1.200 lettres par jour, répond par jour à 1.000 ou 1.200 lettres ; c’est une chose qui a passé comme service courant. » Jouaust, cette fois, n’y put tenir : « La lettre est signée par ordre ; c’est comme si elle était signée du ministre. »

Des officiers, anciens stagiaires à l’État-Major, qui n’avaient pas été cités, Hirschauer, Linder, vinrent dire, ou écrivirent, que la phrase : « Je pars en manœuvres » pouvait très bien être de Dreyfus ; il avait exprimé le regret de n’y pas aller, fait une démarche pour obtenir du « patron » (Boisdeffre) le retrait de sa circulaire[4].

  1. Rennes, III, 384, Serge Basset ; 409, Charles Deffès, rédacteur au Temps.
  2. Ibid., 389, Carrière.
  3. Voir t. III, 7.
  4. Rennes, III, Hirschauer ; 527, Linder.
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