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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/105

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L’AMNISTIE


n’a plus devant lui « que le vol ou l’assassinat[1] ». Oh le rengage et Mareschal, pour première mission, le renvoie à Nice où il s’abouchera avec un officier étranger, « ruiné au jeu et disposé à faire tout ce qu’on voulait pour de l’argent ». Wessel objecte le mandat d’arrêt lancé contre lui par le gouvernement allemand. Mareschal le rassure ; le commissaire spécial recevra « l’ordre de fermer les yeux » ; aussi bien ne restera-t-il que trois jours à Nice d’où il se rendra avec l’officier étranger à Nancy[2].

Mathilde, entre temps, travaillait avec Przyborowski. Bien qu’il eut reçu, l’année précédente, des sommes considérables, plus de 40.000 francs[3], il était « très mécontent de l’État-Major », murmurait des menaces : « S’il ne reçoit pas satisfaction, il proposera à Tomps de lui faire, contre espèces sonnantes, des aveux complets sur l’affaire Cernuski[4]. » Mathilde répéta les menaces de Przyborowski à un agent de la Sûreté qui fréquentait chez elle et lui remit une lettre pour Tomps ; elle y précisait que son ancien amant ne voulait avoir affaire qu’à lui ; on pourra contrôler ses dires en écoutant une conversation qu’il aura avec Cernuski. Tomps laissa la lettre sans réponse. Dix jours après, Przyborowski écrit lui-même à Tomps, le prie instamment de venir à Nice. Tomps, encore une fois, ne répond pas[5].

La lettre de Mathilde est du 5 mars, celle de Przyborowski du 15 ; dans l’intervalle, le 8, Wessel arrivait à

  1. Cour de cassation, 7 mai 1904, François.
  2. Rapport Wessel ; Procès Dautriche, 175 et 178, François.
  3. Enquête Atthalin, 7 mai 1904, déposition de Mareschal.
  4. Rapport à la Sûreté du 5 mars 1900, cité par Waldeck-Rousseau dans le discours du 25 mai au Sénat.
  5. Discours de Waldeck-Rousseau, du 25, au Sénat.