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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/117

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L’AMNISTIE


n’aurait pas eu le droit de retenir la demande, et il accusa le bureau militaire « d’imprudence ». Les torts étaient si manifestement du côté des officiers que Galliffet, qui en était déjà fort mécontent, demanda lui-même à Waldeck-Rousseau d’envoyer un agent à Nice pour s’informer de l’affaire dans le détail et recevoir la déclaration de Wessel. Tomps ayant été désigné à cet effet, Galliffet lui remit une lettre pour Wessel[1], afin que celui-ci ne crût point à un piège[2]. Cavard observa sagement qu’il valait mieux que la déclaration du prisonnier fût reçue par le commissaire central[3]. Wessel, dans trois interrogatoires, raconta alors ses aventures, mêlant le vrai et le faux ; mais les déclarations des commissaires confirmèrent les siennes sur plusieurs points, qui étaient les plus importants. Mareschal en sortit fort compromis.

Sans pousser plus loin, Galliffet aperçoit son erreur : le service de l’espionnage laissé à des officiers qui, hantés par l’Affaire, n’ont espionné que les agents de la Sûreté[4] et ont méconnu de parti pris sa consigne de ne plus s’occuper de l’« incident ». Il décide, en conséquence, de « donner un coup de balai », c’est-à-dire, sans leur demander d’inutiles explications, de renvoyer dans les corps tous les officiers du bureau, et il

  1. 1er mai 1900. — « Monsieur, M. Tomps, qui vous montrera cette lettre est envoyé par moi pour savoir toute la vérité sur votre situation. Ce ne sera qu’une fois exactement renseigné que je pourrai, s’il y a lieu, intervenir en votre faveur. Salutation. Général Galliffet. »
  2. Procès Dautriche, 651, Galliffet.
  3. Ibid., 544, Tomps.
  4. Chambre des députés, séance du 29 mai 1900, discours de Waldeck-Rousseau : « Malgré les ordres formels du ministre de la Guerre, un espionnage s’est institué contre les agents de la Sûreté générale. »