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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/153

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L’AMNISTIE

Il avait rédigé son amendement avec Picquart, en fit voter, un peu par surprise, la première partie, fut battu ensuite sur l’ensemble[1].

Breton, au nom des socialistes, après un long réquisitoire contre les généraux, accepte l’amnistie, à cause des « petits » qui en bénéficieront.

Méline, mis en cause par Breton, défend sa politique, couvre Billot et Hanotaux. Les temps sont loin où les radicaux le trouvaient indécis, timoré, lié sans doute à Scheurer et à moi, par des complicités politiques ou d’argent. À présent, des mêmes bancs, c’est le procès de Zola, la collusion avec Esterhazy qu’on lui reproche. Le vieux Vosgien, robuste sous sa frêle enveloppe, solide comme le roc de ses montagnes, tient tête aux interrupteurs, ne rompt pas d’une semelle, attaque au besoin, rappelle à Millerand son discours sur l’impunité laissée aux insulteurs des chefs de l’armée, son agression contre moi. Millerand convient qu’il a attendu les aveux Henry pour se convertir à la revision. « Jaurès, dit-il, et ceux qui, avec lui, menèrent cette campagne ont été plus perspicaces et plus clairvoyants que je ne l’ai été. » Méline, lui, n’a pas bougé ; il ne connaît, ne connaîtra que la chose jugée. Nouvelles interruptions à gauche, nouvelles violences à l’extrême-gauche. On l’accuse d’avoir été informé du faux d’Henry ; Hanotaux a été averti par un ambassadeur et, perfidement, n’a pas informé Delcassé. Démenti énergique de

  1. Le paragraphe 1er de l’amendement qui exceptait de l’amnistie la trahison fut adopté par 294 voix contre 170, sans que le gouvernement eût fait connaître son sentiment (13 décembre 1900). Waldeck-Rousseau étant alors intervenu, la suite de la discussion fut renvoyée à la séance du 17 où la Chambre rejeta le paragraphe 2 par 319 voix contre 75, le paragraphe 3 par 331 voix contre 41 et l’ensemble, réduit au paragraphe 1er adopté huit jours auparavant, par 296 voix contre 142.