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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/186

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


ni crainte d’une végétation plus folle. Car toutes les semences ont germé, les meilleures et les pires ; et tout pousse, le blé et l’ivraie, l’atrope et la vigne, avec la même exubérance et la même force.

L’année politique 1901 tient presque tout entière dans la discussion du projet de loi sur le contrat d’association. — La commission avait précisé, sur quelques points, le texte de Waldeck-Rousseau, et, sur quelques autres, l’avait aggravé. Ainsi les congrégations religieuses ne peuvent être autorisées que par une loi, au contraire des associations laïques de biens qui peuvent l’être par décret ; elles ne peuvent fonder aucun nouvel établissement qu’en vertu d’un décret rendu en Conseil d’État ; et nul n’est admis à diriger, soit directement, soit par personne interposée, un établissement d’enseignement, s’il appartient à une congrégation non autorisée. C’était l’ancien article 7 de Ferry. — Débat mémorable, suivi par l’opinion avec une attention passionnée. Les catholiques, à l’ordinaire des partis politiques, dès qu’ils sont en minorité, se réclamèrent de la liberté. Les orateurs du centre les appuyèrent, Ribot, Aynard, surtout Renault-Morlière ; les principes lui paraissant en cause, comme dans l’affaire du dessaisissement, il les défendit avec la même ardeur courageuse, n’étant pas de ceux qui se croient habiles pour cela seul qu’ils les abandonnent. — À gauche, les défenseurs de la société civile, Bourgeois, Pelletan, Viviani, téméraire comme de parti pris, s’élevant d’un grand vol imprudent au-dessus des théories juridiques ou historiques pour déclarer la guerre à la propagation même de la foi ; le rapporteur Trouillot, solide, un peu rude, soulevant à droite des colères d’autant plus vives qu’ancien élève des Jésuites, il les connaissait mieux ; et Waldeck-Rousseau, tout le temps ferme, inébranlable dans son dessein, malgré les pro-