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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/198

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


comme de l’autre, avant d’être radical ou socialiste, progressiste ou conservateur, nationaliste ou libéral, on était « ministériel » ou « anti-ministériel ». Ministériels : Brisson, Bourgeois, Jaurès, Rouvier, Camille Pelletan, Barthou ; anti-ministériels : Ribot, Poincaré, Méline, Cavaignac, Piou, Albert de Mun, Cassagnac. Nulle question plus nette, sinon plus simple : la politique de défense, puis d’action républicaine telle que Waldeck-Rousseau l’a pratiquée ; la loi sur les associations, « conçue sans esprit sectaire, mais sans faiblesse » ; la préoccupation constante chez le gouvernement des questions sociales, de l’évolution du monde ouvrier avec une destinée moins précaire », non pour l’enrayer, mais pour la hâter[1] ; le pays les approuve-t-il ?

La réponse du suffrage universel fut aussi nette que la question : sur 590 sièges, les ministériels de toutes nuances en obtinrent 339, les opposants de tous les partis 251, soit pour le gouvernement, pour la politique de l’union des gauches, une majorité de 88 voix, 38 de plus que sous la précédente législature. Le grand battu du scrutin fut le Centre ; la plupart de ses chefs étaient élus, mais il perdait 36 sièges ; les radicaux et radicaux-socialistes en gagnaient 19, devenaient le groupe de beaucoup le plus important de la Chambre ; les socialistes n’en gagnaient qu’un.

Cependant, si, au lieu de compter les sièges, on comptait les suffrages exprimés, l’écart était faible ; à peine 200.000 sur 10 millions d’électeurs.

Avertissement qu’à une politique de combat doit succéder une politique d’apaisement ? Excitation à profiter de la victoire, à la pousser plus avant ?

  1. Discours de Waldeck-Rousseau, le 12 janvier 1902, à Saint-Étienne.