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LE BORDEREAU ANNOTÉ


longtemps encore, des idées religieuses et « ne croyait pas que la grande majorité des Français pût se contenter de simples idées morales[1] ». Au surplus, le plus honnête homme du monde et sans besoins d’aucun genre.

Comme il hésitait à prendre le pouvoir, Brisson le décida en l’assurant « qu’il y déchaînerait contre lui les haines implacables des cléricaux ».

Il forma son ministère en quelques heures, garda Delcassé et André, donna les Finances à Rouvier, l’Instruction publique à Chaumié, distribua les autres portefeuilles à des radicaux (dont Pelletan et Vallé) et prit lui-même celui de l’Intérieur et des Cultes[2].

IV

Mon procès avec Mme Henry fut plaidé et jugé en juin, devant la première chambre du tribunal civil de la Seine. Ses avocats, Saint-Auban et Chenu, changèrent de système. Ils n’avaient pu engager le procès en cour

  1. Chambre des députés, séance du 26 janvier 1903 : « Un peuple n’a pas été nourri en vain, pendant une longue série de siècles, d’idées religieuses… Je ne crois pas que la majorité, que dis-je ? que la presque unanimité des Français puisse se contenter de simples idées morales… Notre société ne peut pas se contenter des simples idées morales telles qu’on les donne actuellement dans l’enseignement superficiel et borné de nos écoles primaires. »
  2. Le ministère du 7 juin 1902 était ainsi composé : Présidence du Conseil, Intérieur et Cultes, Combes ; Justice, Vallé ; Affaires étrangères, Delcassé ; Finances, Rouvier ; Instruction publique, Chaumié ; Commerce, Trouillot ; Travaux publics, Maruéjouls ; Agriculture, Mougeot ; Guerre, André ; Marine, Pelletan ; Colonies, Doumergue ; Sous-secrétariat des Postes, Bérard.