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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/239

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LE BORDEREAU ANNOTÉ


la première fois, Pellieux l’avait démentie ; il avait affirmé dans une lettre à de Mun n’avoir jamais vu le père Du Lac, n’avoir jamais eu avec lui aucun rapport direct ou indirect[1] ; la lettre avait été publiée[2]. Pellieux étant mort dans l’intervalle[3], de Mun reprit sa lettre et chercha à en tirer ce qui n’y était pas, à savoir que le jésuite n’aurait point livré à d’autres le secret de sa pénitente[4]. De son côté, Du Lac écrivit à l’abbé Gayraud, qui porta la réclamation de son ami à la tribune ; « personne, parmi ceux qui savent ce qu’est l’honneur sacerdotal, n’avait pris l’accusation au sérieux[5] ». Pressensé eut beau jeu contre Du Lac, « homme qui peut pratiquer sans scrupule le distinguo et la direction d’intention », ce qui était le cas[6] ; il parut toutefois que Pellieux, s’il avait connu le jésuite, ne s’en serait point défendu.

Cet incident mit le feu aux poudres. Lasies ayant répliqué à Pressensé en s’abritant de la parole fameuse du général Foy : « Quand il y a deux partis en présence et que l’un s’appuie sur l’étranger, il faut être de l’autre… », il n’y avait qu’à le laisser dire ou à lui répondre que ceux qui s’étaient appuyés sur l’étranger, c’étaient ceux qui constamment avaient fait appel à la peur de la guerre et avaient produit des fausses pièces, italiennes et allemandes ; mais les socialistes[7] s’en prirent à Ribot, qui ne disait rien. Ils lui crièrent que « c’était son châtiment d’entendre Lasies et de ne pas

  1. De Quimper, 10 janvier 1900.
  2. Dans le Correspondant du 25 janvier 1900 et dans le livre intitulé : La Loi des suspects.
  3. Le 16 juillet 1900, à Quimper.
  4. Gaulois du 20 mars 1903.
  5. Chambre des députés, séance du 23 mars 1903.
  6. Voir t. V, 146.
  7. Rouanet, Pressensé, Pastre.