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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/342

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


ne se souciait pas qu’il récriminât et déclamât à sa barre contre Waldeck-Rousseau. Il en était plus que jamais obsédé et ne pouvait plus plaider, que ce fût pour Thérèse Humbert[1] ou pour Val-Carlos[2], sans le mettre en cause.

Ceux des conseillers qui avaient entendu Picquart en 1898 et avaient alors admiré sa sérénité dans l’épreuve, s’étonnaient de ses amertumes à la veille de la victoire. Il sembla parfois qu’il gâtait comme à plaisir la belle image que les événements, où il avait tenu un si noble rôle, avaient faite de lui et qu’ils avaient gravée dans les esprits.

Il se retrouva lui-même pour s’expliquer, avec beaucoup de vraie émotion et de légitime mépris, sur l’accusation portée contre lui, à Rennes, par Roget et par Billot, d’avoir dilapidé les fonds du bureau des Renseignements pendant qu’il était à la tête du service[3]. Il avait demandé aussitôt à Galliffet d’ordonner une enquête sur sa gestion, et l’enquête avait tourné à la confusion complète des deux généraux qui, le sachant irréprochable, avaient essayé de l’éclabousser. Une note officielle de Galliffet qu’il produisit le couvrait complètement[4].

  1. Août 1903.
  2. Voir p. 303.
  3. Voir t. V, 394.
  4. « Pendant la gestion de M. le lieutenant-colonel Picquart, il n’est entré au fonds de réserve qu’une somme de 20.000 fr. » Et non de 100.000 comme avaient dit Billot et Roget. (Note du 20 septembre 1899.) La commission d’enquête, composée du général de Lacroix et des lieutenants-colonels Delarue et Hache avait conclu « que l’emploi des fonds était justifié en écriture et que rien ne permettait le plus léger soupçon sur l’honnêteté de la gestion du service des Renseignements par le colonel Picquart ni sur l’intégrité et l’honorabilité de l’officier mis en cause ». Galliffet, par une lettre du 11 septembre au général