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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/394

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


le général Brault, chef d’État-Major, et le colonel Rollin, bien qu’il n’eût aucun souvenir que François le lui eût dit à l’époque[1] ; et de Lacroix, tout en maintenant « qu’il n’avait pas eu connaissance » de l’affaire de Zurich, convint que les officiers lui avaient souvent parlé d’Austerlitz, que « cet informateur était très exigeant » et « qu’on tenait beaucoup à le garder[2] ». Les témoins à décharge s’exprimèrent en termes très chaleureux, Krantz, Paléologue, le général Metzinger, Galliffet, qui demanda la permission de s’approcher du banc des accusés et « de tendre la main à ces messieurs[3] ». — À chaque audience, le coup de théâtre de la quadruple arrestation, le bruit qu’en avaient mené les metteurs en scène, tout ce gros scandale parut plus fâcheux, André moins excusable, soit d’avoir tenté cette méchante entreprise contre des innocents, soit d’avoir compromis par sa maladresse ce qu’on tenait de vérité, et provoqué ainsi, par une manière de choc en retour, un courant de sympathie envers des coupables. — Enfin, comme il y avait toujours avec lui une faute de plus à commettre, il arrêta le réquisitoire du colonel Rabier qui, dans cette bataille perdue d’avance, aurait couvert avec honneur la retraite.

Rabier avait brossé à larges traits le tableau des machinations du service des Renseignements sous le ministère de Galliffet, les portraits des successeurs et lieutenants d’Henry, encore empreints de sa tradition et lui ayant gardé un culte[4], et, finalement, une vigoureuse esquisse de la seule hypothèse (la complicité

  1. Procès Dautriche, 410, Delanne.
  2. Ibid., 425 et 426, de Lacroix. — Voir p. 369.
  3. Ibid., 618, 619, 638, 658.
  4. Lettre de François, du 28 avril 1900, à Lætitia T… Voir p. 92.