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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/400

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


examen médical, le premier ayant été favorable à Cuignet. Au contraire, il s’obstina, confirma ses ordres ; Cuignet dut passer la contre-visite à Limoges, le lendemain même de la discussion à la Chambre[1].

Cela parut un défi. Montebello, l’un des républicains du Centre qui avaient voté contre la loi de dessaisissement, demande à interpeller[2]. Comme André était absent, Bos, député de Paris, propose d’attendre pour fixer la date du débat que le ministre soit à son banc. Combes réclame le renvoi de l’interpellation à la suite de l’ordre du jour. Il craint de nouvelles maladresses d’André, si la discussion s’engage, et, tout mécontent qu’il soit de lui, ne se résigne pas encore à laisser « effeuiller l’artichaut ».

Le terrain était si glissant, l’affaire si mauvaise, que la Chambre, au scrutin, se partagea exactement par moitié (273 voix pour, 273 contre) sur la motion de Bos. Celle de Combes, l’ajournement à la session d’automne, fut adoptée à la majorité de 13 voix.

Tout autre qu’André aurait compris, mais il était dans l’engrenage, et, bien plus, ne voulait pas s’en dégager. S’il y avait une mesure d’élémentaire équité, c’était de communiquer à Cuignet les rapports médicaux qui lui reconnaissaient la pleine jouissance de ses facultés ; André s’y refusa. Cuignet adresse une pétition à la Chambre ; la Commission conclut à la communication des rapports ; nouveau refus d’André. Cuignet insiste et reçoit en réponse des arrêts de rigueur[3].

  1. 6 juillet 1904.
  2. 8 juillet.
  3. La discussion d’une interpellation de Montebello sur le nouvel acte d’arbitraire d’André fut ajournée, à la rentrée d’octobre, par 305 voix contre 270. Lasies réclama alors, mais sans l’obtenir, la discussion immédiate du rapport de la commission