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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/410

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Percin se confia également à Clemenceau, à Picquart et à Hartmann. Un autre officier du cabinet, le capitaine Humbert, rédigea une note qu’il fit remettre à André, signalant le danger et la honte des procédés de délation, « coutumiers aux jésuites », auxquels avaient recours, « sous prétexte de républicanisme », « des officiers tarés ou incapables ». André, pour toute réponse, envoya Humbert dans un régiment. Humbert répliqua par sa démission[1].

La besogne qui se faisait au Grand-Orient, pour le compte d’André, était trop grave pour que la pensée d’en vendre le secret et les preuves aux nationalistes ou aux cléricaux ne vînt pas à quelque misérable. Bidegain, secrétaire de Vadecard, déroba les lettres les plus importantes de Mollin et plusieurs centaines de fiches, qui étaient en double au Grand Orient, et les vendit pour quarante mille francs[2] à Guyot de Villeneuve et à Syveton[3]. Villeneuve, ancien officier, parut plus qualifié pour porter le dossier à la tribune (28 octobre 1904).

Aubaine, joie inespérée pour l’opposition de droite. Depuis plus de deux ans, tous ses efforts contre l’exécution de la loi sur les associations avaient échoué, invocations au droit, à la liberté, éternelle patronne des jours malheureux, manifestations touchantes ou bruyantes,

    des explications à André et qu’André lui avait répondu qu’il faisait contrôler toutes les fiches « par les services compétents, soit les services militaires, soit les services civils que Combes avait mis à sa disposition ».

  1. Lettres d’Humbert à André, du 8 août 1902 ; à Jaurès, du 8 octobre 1904. — Je fus renseigné par un autre officier du ministère de la Guerre et j’avertis, inutilement, André.
  2. Fernand Hauser, L’Affaire Syveton ; Bonnamour, Gabriel Syveton, 137 ; lettre de Bidegain à l’Éclair, du 12 août 1906.
  3. Syveton, après son invalidation, avait été réélu, le 7 juin 1903, par 6578 voix contre 5001, à quatre concurrents.