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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/414

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


— se félicite d’avoir, par une circulaire[1], invité les préfets à fournir des indications, aidé ainsi à « commencer l’épuration dont se plaint la droite », et il jette à Villeneuve et à ses amis qu’ils étaient moins susceptibles « quand les portes du ministère étaient toutes grandes ouvertes à la Congrégation ».

Diversion qui n’excusait rien, bien plus aggravait le cas d’André et de tous ceux qui avaient tant protesté contre l’influence de la Congrégation. C’est de ce sophisme que Mollin s’est intoxiqué, perverti. « Autrefois le père Du Lac présidait à la confection des tableaux d’avancement et des tableaux de concours. Les républicains ne furent pas contents. Ils ont le rare bonheur de trouver un ministre qui se renseigne sur les sentiments politiques des officiers. Voulait-on qu’il les devinât[2] ? » Mollin s’admirait comme le père Du Lac des républicains, y trouvait sa gloire.

Villeneuve a terminé ses lectures, il en tire la conclusion. André et Combes, d’accord avec le Grand-Orient, « ont organisé contre l’armée la délation et l’espionnage », « divisé les officiers, semé la discorde parmi eux ». « André ne peut plus rester sur ces bancs ; il a trahi l’armée. L’armée n’a plus de chef, en appelle au Parlement. »

Il descendit de la tribune au milieu des acclamations de la Droite, des applaudissements du Centre, d’une partie de la Gauche. Concert d’indignations loyales, de fausses vertus, de haines et de convoitises politiques.

Que pouvait répondre André ? Qu’il blâmait très énergiquement « les agissements qui venaient d’être déroulés devant la Chambre » ; qu’il n’admettait point ces

  1. Du 20 juin 1902.
  2. Mollin, loc cit., 94.