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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/429

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LA REVISION


tauration, les procédés des Jésuites dans tous les temps, les pièces secrètes et les bas rapports policiers de l’Affaire), qui sortaient, jaillissaient du sujet. Et ce n’était pas la moindre singularité de ces débats que d’entendre les radicaux et les socialistes crier, les nationalistes et les catholiques applaudir quand Ribot demandait « aux républicains s’ils voulaient être les plagiaires honteux de la Restauration », et Leygues « s’ils avaient chassé les influences cléricales du ministère de la Guerre pour livrer l’armée aux délateurs ».

Millerand dit avec force : « On parle de l’intérêt des officiers républicains ; ils n’ont pas mérité cette injure Vous croyez que c’est par de pareils procédés que vous constituez une armée républicaine ; ne voyez-vous pas que vous ne faites ainsi que donner une prime à l’hypocrisie ? »

L’issue de la journée dépendait d’une douzaine de républicains, anciens opportunistes, indécis entre deux peurs : d’être excommuniés, pour avoir voté avec la Droite, ou d’avoir honte d’eux-mêmes, pour n’avoir pas voté selon leur conscience. Pour leur venir en aide, leur savonner le devoir, Vazeille proposa l’ordre du jour pur et simple.

Combes le repoussa, dit que ce serait « une équivoque ».

Deux voix de majorité lui donnèrent raison : 277 pour l’ordre du jour pur et simple, 279 contre ; vingt députés s’abstinrent.

Il était dix heures du soir. La Chambre siégeait depuis deux heures de l’après-midi. Lasies appela encore André à la tribune (sur l’affaire du colonel de Quinemont). André, épuisé, les nerfs brisés, refuse de répondre : « Mes ennemis ont juré d’avoir ma peau ; je resterai à mon poste. »