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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/432

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


dans son cabinet de travail, le trouva mort, étendu sur le tapis, la tête sur les bûches d’amiante d’une cheminée à gaz dont le robinet était ouvert[1]. Lemaître, Coppée, Guyot de Villeneuve, dirent aussitôt qu’on l’avait assassiné, que c’était un nouveau crime maçonnique. Il fallut ordonner une instruction. Sa femme déposa qu’ayant reçu, trois jours avant, de sa fille, qu’elle avait eue d’un premier lit, « des révélations effroyables » sur son mari, elle lui dit qu’il n’avait plus qu’à se tuer. La fille confirma au juge les aveux qu’elle avait faits à sa mère et qu’elle avait répétés, devant elle, à Syveton. Lemaître reconnut qu’étant trésorier de la Patrie française, Syveton avait dérobé cent mille francs ; sa femme les avait restitués[2].

III

Les trois années pendant lesquelles la Cour de cassation poursuivit dans le silence la revision du jugement de Rennes furent marquées par un très grand nombre d’autres événements intérieurs et extérieurs, les uns amenant souvent les autres : cette longue lutte contre les congrégations qui domina la politique de

  1. 8 décembre 1904.
  2. « Dix jours après la mort de son mari, le 18 décembre, Mme Syveton se présentait chez Jules Lemaître et lui remettait un paquet de titres, représentant une somme de 98.000 francs, qu’elle affirmait avoir été détournés par son mari, en 1902, des fonds électoraux dont disposait la Patrie française. Lemaître, sous bénéfice d’inventaire, accepta la restitution. » (Bonnamour, loc cit., 200.)