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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/435

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LA REVISION


Au cours de ces temps troublés et féconds, Waldeck-Rousseau était mort[1]. Il s’était séparé de Combes avec éclat, lui reprochant d’avoir faussé et outré sa loi sur les associations, de ne se montrer assez respectueux ni des engagements pris ni de la conscience religieuse, et d’étendre dangereusement le champ de bataille. Par deux fois[2], il parla au Sénat, avertissant ses amis, protestant qu’il resterait, lui, du moins, « prisonnier de sa parole », et demandant aux républicains de ne point laisser passer dans d’autres mains cette force incomparable qui, tant de fois, leur avait donné la victoire : « le sens et le respect de la légalité ». Il lui répugnait d’enlever aux catholiques « le droit d’élever leurs enfants selon leur conscience ». Il fallait savoir attendre quelque chose du temps. « Lorsqu’une source tarit, ses eaux continuent, pendant quelque temps, de glisser dans les plaines, mais bientôt leur courant s’affaiblit et le lit se dessèche. » Il avait horreur du monopole « de la cité antique, si belle, si admirable par ses lettres et par ses arts, si détestable par sa souveraine indifférence, par son inconscience sereine du droit individuel ». — Ainsi cherchait-il à retenir le flot devant lequel il avait lui-même ouvert l’écluse.

Le mal qui devait l’emporter avait fait déjà de terribles ravages. La seconde fois qu’il monta péniblement à la tribune du Sénat, il avait la mort sur le visage ; on la vit, il se rendit compte qu’on la voyait et,

    sidence du Conseil et Justice, Sarrien ; Intérieur, Clemenceau ; Affaires étrangères, Bourgeois ; Finances, Poincaré ; Instruction publique, Briand ; Commerce, Doumergue ; Travaux publics, Barthou : Agriculture, Ruau ; Guerre, Étienne ; Marine, Thomson ; Colonies, Leygues.

  1. À Corbeil, le 10 août 1904.
  2. 27 juin et 20 novembre 1903.