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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/497

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LA REVISION


que les officiers de l’active mis en réforme, il était nécessaire d’avoir recours à la loi pour m’accorder réparation. Le Conseil ne contesta point à Étienne que j’y eusse droit, décida toutefois de surseoir. Clemenceau, au temps lointain où j’avais été révoqué, avait écrit dans l’Aurore : « Si, sous prétexte de service militaire, on peut mettre les Français au régime de se voir enlever leur grade dans l’armée, parce qu’ils auront écrit quelque phrase dont un général ne sera pas content, notre gouvernement, de quelque nom qu’il s’appelle, n’est en réalité qu’un césarisme de prétoriens sans César. Et si les radicaux eux-mêmes n’ont rien à dire contre un tel état de choses, ils sont dignes dès aujourd’hui du sort qui les attend…[1] »

IX

Les Chambres adoptèrent, dans la même journée (13 juillet), avant de partir en vacances, les projets qui réintégraient Dreyfus et Picquart.

Guyot-Dessaigne, qui présidait la Commission de l’Armée, m’offrit de les rapporter. Je refusai « en raison de la part que j’avais eu le bonheur de prendre à l’Affaire ». Les rapports furent confiés à Messimy, ancien officier d’État-Major, député de Paris.

Ni la Commission de l’Armée, qui approuva les projets à l’unanimité, ni la Chambre, ni ensuite le Sénat ne s’arrêtèrent à la différence des deux textes, l’un qui

  1. Aurore du 24 juin. 1898.