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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/503

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LA REVISION


hors de l’accusé ; « sinon, ils seraient dignes du mépris de leurs amis et seraient déshonorés. » Mais la vraie réponse fut celle de Brisson, quand, interpellé une fois de plus sur le faux qu’il avait « fait afficher », il rappela sa lutte contre Cavaignac, après les aveux d’Henry, comme « il avait marché à la Revision jusqu’au bout », et que « c’était l’acte pour lequel il avait été le plus injurié, mais celui dont il s’honorait le plus ». Il s’excuse, lui président de la Chambre, « de laisser trop voir son opinion », mais « il ne connaît pas de situation officielle qui commande, qui permette même, à un galant homme, ou plus simplement à un honnête citoyen de conserver l’indifférence entre le crime et l’honneur ».

On vota sur la réintégration de Picquart : 449 voix pour, 26 contre, puis à mains levées, sur une motion de Buisson, la Chambre rendit hommage à Brisson pour avoir été, au gouvernement, « l’artisan le plus clairvoyant et le plus courageux » de la Revision.

Restait à l’ordre du jour une interpellation de Pressensé. Il réclamait « des sanctions disciplinaires à l’égard des officiers dont la procédure de revision avait révélé les manœuvres criminelles ou frauduleuses, postérieurement à l’amnistie de 1900 ».

Quelles sanctions ? Leur arracher leurs croix, les déférer au Conseil supérieur de l’Ordre ; mettre d’office Roget, Lauth et Rollin à la retraite ; rayer du cadre de réserve Mercier, Boisdeffre et Gonse. Or, l’amnistie les couvrait, « l’amnistie, qui aurait besoin d’être amnistiée elle-même[1] », mais qui était la loi, ne brisait pas seulement les condamnations et ne rendait pas seulement

    Bernard Lazare ; t. III, 251, ma lettre du 14 janvier 1898 au Garde des Sceaux, et 399, la déposition de Demange au procès Zola.)

  1. Discours de Pressensé.