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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/538

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


ce léger emprunt à un style que je réprouve, et je remplacerai le mot mensonges par le terme inexactitudes.

M. le procureur général est-il plus heureux dans la recherche, si longtemps prolongée, du fait nouveau qui devrait servir de base de revision ? Pas plus après qu’avant son réquisitoire, je ne crois à l’existence du fait nouveau. J’ai développé mes raisons dans mes dépositions devant la Chambre criminelle et je n’y reviendrai pas ici.

Je rappellerai seulement que j’ai appelé l’attention de la Chambre criminelle sur la nécessité d’une vérification que j’ai indiquée relativement au papier pelure du borde reau comparé à celui des lettres d’Esterhazy. J’ignore si cette vérification a été faite et il importerait qu’elle le fût, pour la discussion de la soi-disant culpabilité d’Esterhazy.

J’ai aussi signalé la fixation, à la date du 12 décembre 1894, et non au 6 janvier 1895, comme l’avait dit par erreur M. Casimir-Perier, de la nuit intéressante (et non atroce comme me le fait dire indûment M. le procureur général), où fut pendant quelques heures en suspens la question de paix ou de guerre. La constatation de ce fait est d’une haute importance pour la compréhension des événements qui se sont déroulés au conseil de guerre de 1894 et des aveux recueillis à la dégradation militaire.

J’ajouterai, enfin, que, si l’on devait faire état pour la revision de ce qu’on a retrouvé la minute de la note du commandant Bayle sur l’artillerie lourde de campagne, il y aurait intérêt à faire une enquête sur la manière dont cette pièce, disparue et non retrouvée pendant plusieurs années, a subitement reparu ensuite.

Quoique j’espère que la Cour voudra bien attacher quelque valeur aux protestations que j’ai l’honneur de vous adresser, je n’aurais cependant pas rompu le silence, si j’avais été seul visé par les attaques de M. le procureur général. Mais j’ai dû penser aussi à tous ceux qui, soit comme juges soit comme témoins civils ou militaires, ont