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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/56

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Les journaux de droite ne s’y trompèrent pas : les projets de Galliffet, surtout ceux de Waldeck-Rousseau et de Leygues, ce branle-bas de combat, dans tout le parti républicain, pour la reprise de la guerre contre les moines, ce sont les conséquences de l’Affaire ; et c’était, en effet, l’Affaire qui se continuait, non plus dans les prétoires et dans la rue, mais dans la politique et dans la loi, au fond des choses. Ses enseignements, les périls qu’elle a révélés, ramènent les républicains à la tradition et aux principes dont la méconnaissance a rendu possibles le crime judiciaire et la longue résistance, encore invaincue, à la justice.

VI

La rentrée des Chambres qui avait donné lieu, l’année précédente, à une violente agitation (la place de la Concorde envahie et toutes les forces de police mobilisées), s’opéra dans le calme ; Dreyfus n’était plus à l’île du Diable et il y avait un Gouvernement.

Waldeck-Rousseau demanda la discussion immédiate des diverses interpellations qui lui étaient adressées sur ses actes depuis quatre mois ; plusieurs étaient relatives à des incidents qui touchaient à l’Affaire, aucune à l’Affaire elle-même.

Galliffet, débutant ; à la tribune, y parut aussi à l’aise qu’à la manœuvre ou à la bataille. Ses premiers mots : « L’armée n’a pas le droit de parler… » furent acclamés par les Gauches qui ne cessèrent plus de l’applaudir. Il expliqua les mesures qu’il avait prises contre quelques officiers, scandant le récit de chaque cas par cette affirmation : « C’était mon droit. » Il eut réponse