« Lorsqu’en 1894 je fis une visite d’arrivée, à Bruxelles, à l’attaché militaire allemand, le major comte de Schmettau, il eut soin, sans aucune demande de ma part, de me déclarer que les attachés militaires allemands n’avaient qu’un rôle de représentation et n’avaient rien à faire avec des questions confidentielles.
« Deux années plus tard, je rencontrai, au bal de la Cour, le prince Frédéric de Hohenzollern, qui venait précisément de quitter le commandement du IIIe corps d’armée, et auquel j’avais été présenté dans le temps à Paris : « Comment cela vous va-t-il à Paris ? — Très bien, monseigneur ; cela est très intéressant. Mais il y a quelquefois trop de besogne pour un homme seul. — Oui, oui, vous avez raison », dit le prince avec un air décidé plein de signification ; « c’est pour la même raison qu’aussi chez nous le nœud de la question gît à Bruxelles ».
« D’autre part, il est certain qu’il règne en France, depuis l’affaire Dreyfus, un sentiment antisémite officiel bien accusé, qui ferme la plupart des carrières aux israélites, et contre lequel ceux-ci ont à lutter. Le moyen le plus sûr pour eux de réussir dans la lutte serait de pouvoir prouver l’innocence de Dreyfus. Il n’y a qu’à attendre la production des preuves ; puis la déclaration du ministre de la Guerre, que le chef d’État-major et ses officiers se sont trompés, que les douze juges du Conseil de guerre ont rendu à l’unanimité un jugement faux. Mais il passera d’ici là encore de « l’eau sous le pont ».
« Quand on connaît ce texte, on comprend aisément qu’en lisant dans le Figaro la pièce que ce journal, ainsi que le compte rendu sténographique, a publiée, en reproduisant le document versé aux débats par le général Mercier, le colonel Schneider ait pu télégraphier, ainsi qu’il l’a fait, qu’elle était fausse. Elle était, en effet, outra-