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Page:Jourdain - Les Décorés, 1895.djvu/37

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STÉPHANE MALLARMÉ

éveillé, bon, indulgent et tendre. Malgré l’intransigeance de ses théories, malgré la subtilité de sa vision cérébrale, sa bienveillante admiration salue le talent partout où il le rencontre. Il fréquente de Goncourt, aime Alphonse Daudet, apprécie Zola, jette sur la tombe de Villiers de l’Isle-Adam une fastueuse oraison funèbre et écrit une lettre attendrie au sujet de la mort de Maupassant. Son infaillible prescience a défendu le génie de Wagner éclaboussé d’ordures, a admiré Manet, Renoir, Rodin et Degas, a deviné Chéret, a consacré Maëterlinck.

Fort lié avec le directeur actuel des Beaux-Arts, Mallarmé a profité de son amicale influence pour pousser l’État à doter le Luxembourg d’un chef-d’œuvre de son ami Whistler. Mais lui ne demande ni n’accepte rien, car son désir plane trop haut : il ne sera jamais atteint par un décret ministériel.