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Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/61

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Du côté de la presqu’île nous espérions que la maison du commandant territorial, mieux éclairée que les huttes environnantes, nous serait d’une grande utilité pour nous reconnaître. Enfin Bastien, qui faisait ce voyage dans le jour depuis trois mois, espérait, malgré l’obscurité profonde où nous étions, trouver sûrement le lieu du rendez-vous.

Après une heure et demie d’une navigation pénible, une faible lueur, venant d’une baie plus profonde que celles que nous avions aperçues jusqu’alors, nous fit supposer que nous étions arrivés à destination.

Du large, où nous avions toujours eu le soin de nous tenir, je mis le cap sur une pointe élevée qui s’avançait vers nous.

Mes deux compagnons donnèrent quelques vigoureux coups d’aviron et je laissai porter sur la terre. Cinq minutes après, notre embarcation heurta les roches à trois ou quatre mètres du rivage.

Aussitôt nous entendîmes le bruit sourd produit par la chute de trois corps tombant à l’eau.

À bâbord et à tribord nous avions de petites masses noires qui essayaient de pénétrer dans notre bateau. Nous les y aidâmes de tout cœur. En dix secondes, Olivier Pain, Paschal Grousset, Rochefort étaient à bord. — Tout cela s’était fait sans bruit, sans qu’une parole fut prononcée ; l’émotion qui nous étreignait était profonde. Nous échangeâmes rapidement une énergique poignée de main.

Des rumeurs légères nous avertissaient que nous