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Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/95

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circonstance ! » Et il s’éloigna en poussant des gémissements lamentables.

A peine quelques minutes s’étaient-elles écoulées qu’il se fit un grand vacarme dans la mairie : le clairon appelait aux armes, les crosses de fusil résonnaient dans les couloirs, on entendait des gens qui couraient en jetant de grands cris. Un capitaine d’état-major de la garde nationale se précipita dans notre cachot. Il s’approcha de moi et, après quelques instants d’une reconnaissance apparente, s’écria : « Mais je vous reconnais, vous êtes Jourde !

« Pardieu ! lui dis-je, M. Hortus vient de vous l’apprendre. »

Je comparus séance tenante devant la cour martiale qui siégeait dans l’ancien hôtel de l’ambassade d’Autriche, situé en face de la mairie.

Le capitaine d’état-major qui avait prétendu me reconnaître présidait ce semblant de tribunal ; il avait pour assesseurs le capitaine du 15e bataillon de la garde nationale et un lieutenant d’infanterie de ligne.

Après un interrogatoire des plus fantaisistes, et un procès-verbal dont le président de la cour martiale fit plus tard un véritable roman, je fus condamné à mort.

Un quart d’heure m’était accordé pour adresser aux miens un mot d’adieu. Le quart d’heure écoulé, je serais passé par les armes.

Après avoir écrit quelques lignes, je m’approchai de la fenêtre de la salle où j’étais gardé à vue par des