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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/158

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JANVIER-FÉVRIER 1895.

astronomique où l’α du Dragon, aujourd’hui éloigné du pôle d’environ 25 degrés, n’en était écarté que de 3° 20′ et se présentait comme la seule étoile remarquable de cette partie du ciel. C’est en l’an 2161 et en l’an 3400 avant Jésus-Christ que l’α du Dragon occupa cette position au voisinage du pôle.

Virgile a chanté le Serpent céleste glissant autour de ce pôle entre la Grande et la Petite Ourse :

Maximus hic flexu sinuoso elabitur Anguis
Circum, perque duas in morem fluminis Arctos
[1].

Ne le peut-on conjecturer avec quelque vraisemblance ? Ce n’est pas cet allongement de la constellation du Dragon resserrée entre les deux Ourses, c’est le mouvement de la rotation diurne de la sphère céleste pivotant sur l’unique pôle connu de l’antiquité et sensiblement déterminé par l’α du Dragon aux troisième et quatrième millénaires avant Jésus-Christ, qui firent attribuer à cette constellation elle-même, par corrélation, le symbole du ciel étoilé entier, dans les conceptions sémitiques, pour nous dater la dénomination de cette constellation, de cette même époque où son α jouait le rôle d’étoile polaire. L’étoile polaire actuelle est pour les Sabéens la seule étoile fixe et la résidence de l’Être suprême, comme le pôle céleste est celle de Yahwé dans Isaïe[2].

Les Phéniciens furent frappés du rapport naturel existant entre l’aptitude du Serpent à se mouvoir

  1. Georg., lib. I, v. 244-245.
  2. XIV, 13-15.