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MARS-AVRIL 1895.

cela ne prouve pas qu’en arabe les mots avec élif wesla aient conservé cette voyelle jusqu’au moment où ils ont reçu leur wesla. Il est à remarquer d’ailleurs que les mots שֵׁם, בֵּן , etc., en hébreu et en araméen, perdent le plus souvent leur voyelle devant une terminaison : תְרֵין ,שְׁמֵהּ ,שְנַיִם ,בְנוֹ ,שְׁמוֹ ; quant à l’assyrien, il ne connaît pas le schevâ nâ. On peut bien admettre, si l’on veut, que l’hébreu, l’araméen, l’assyrien n’ont jamais laissé tomber la voyelle radicale et que le schevâ nâ lui-même est une voyelle, mais on ne peut en tirer aucun argument pour l’arabe.

Il n’y a pas à s’étonner que l’élif wesla dans ces noms ait un kesra et à en déduire que cette voyelle est identique avec la voyelle primitive de la première radicale. En effet, si l’i est tombé, c’est parce que c’est la voyelle la plus légère, et c’est pour la même raison que l’élif wesla a reçu un i. La coïncidence n’a donc rien de surprenant.

Les mots اِمْرُوُْ et اِمْرَاَٗة, qui sont les seuls trilitères avec élif wesla, fournissent un exemple remarquable du caractère mixte de l’orthographe arabe. Il est certain, en effet, que les formes امرو, امرا, امرى, امواة indiquent la lecture imroû, imrâ, imri, imrâh ; امرو s’est décliné comme انو, انـا, اىب. La dernière consonne était traitée par le vulgaire comme une lettre de prolongation. La forme du mot امرو semble identique avec مَرْهٗ, peut-être était-ce مِرْهٗ. L’usage aura fait supprimer la première voyelle et le a reçu