Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
320
MARS-AVRIL 1895.

son de fleurs et de fruits. Ce qui semble le confirmer c’est qu’Ištar apparaît dans cette légende même et ailleurs comme la fille de Sin, le dieu des mois, des saisons, des moissons, « inbu ša ramanišu ibbanu » (le fruit qui croît de ses propres forces), (iv, R. 9, 23 a ; voir aussi iv, R. 82, 2-3 6, et iii, R. 52, 45 b.) Fruit cosmique, symbole des fruits terrestres et par conséquent, sous certains rapports, une autre incarnation de la puissance productive du sol.

Cette Ištar avait son culte à Uruk pour la Babylonie, et à Ninive (et Asur ?) pour l’Assyrie. (Voir I, R. 65, col. II, l. 50 ; voir Prisme Tglpileser, col. iv, 36.)

Quoi qu’il en soit, c’est cette Ištar que le texte talmudique a en vue. Mais ce qui est particulièrement intéressant, c’est qu’il considère la Vénus matinale avec les attributions de l’Ištar vespérale. Avec elle naît la lumière, ce qui appartient à l’astre du matin, et avec elle naît l’instinct de la richesse et du plaisir, ce qui appartient à la Vénus Ištar du soir. Les deux éléments sont combinés ou plutôt le caractère guerrier de la déesse s’est entièrement effacé et l’Ištar mâle, rude, destructrice, amie des combats, a cédé toute la place à l’Ištar femelle, douce, féconde, amie de la vie et de la joie. C’est exclusivement cette dernière Ištar qui s’est transmise aux Phéniciens, aux Sabéens, à toute l’Asie occidentale, à l’Asie Mineure et enfin à la Grèce. Ici les flèches guerrières se sont métamorphosées en traits d’amour et ont passé avec l’arc aux mains de Cupidon.