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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/787

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NOUVELLES ET MÉLANGES.

transcrit dans le lexique de Bar Bahloul sous le mot ܥܡܨܐ, mais en des termes trop différents pour ne pas supposer un autre original. Bar Bahloul avait-il sous les yeux une version syriaque de la Vie écrite par Zacharie ? Si cette œuvre de Zacharie fut traduite en syriaque, il y a lieu de penser cependant que la rédaction qui nous est parvenue lui était préférée par la majorité des lecteurs. L’auteur de cette rédaction fut, en effet, un témoin oculaire d’une partie des événements qu’il rapporte. Il demeura attaché, comme il l’indique lui-même, à la personne de Pierre l’ibérien pendant plusieurs années, et assista à ses derniers moments. C’est dans le couvent même de Mayouma, où résidait ordinairement le saint évêque, que furent sans doute rédigés ces Actes qui devaient être lus pendant la fête de sa commémoraison, ainsi que le suppose l’éditeur.

La publication de M. Raabe éveille l’attention du lecteur à plusieurs titres. La généalogie de Pierre l’ibérien, placée en tête du livre, renferme des renseignements intéressants sur l’histoire ancienne de la Géorgie ; elle est assurément digne de foi, car l’auteur l’a écrite d’après les renseignements fournis par Pierre l’ibérien lui-même, qui avait l’habitude, à un certain jour de l’année, de réunir tous les noms de ses ancêtres dans une fête consacrée à leur mémoire. Ces ancêtres étaient les anciens rois de l’Ibérie. Le premier roi chrétien parmi eux fut Bakurios, l’aïeul maternel de Pierre, qui mena une vie exemplaire de piété, de désintéressement et de charité, vie partagée par son épouse Dukṭia. Il eut pour successeur son frère Arsilios, et Bosmarios, le père de notre héros. Ceux-ci se distinguèrent également par leurs vertus et leur zèle pour la religion chrétienne.

La légende a certainement sa part dans le tableau édifiant que l’auteur trace de ces vertus chrétiennes ; mais ce tableau est sincère et il reflète la foi ardente qui illuminait alors l’Orient et animait les laïcs aussi bien que le clergé.

Élevé pieusement par sa mère et sa nourrice, le jeune Naburgios, qui devait devenir l’évêque Pierre, se sentit de