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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/80

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JANVIER-FÉVRIER 1895.

time ; dans ie second, elle est le moyen qu’il emploie pour l’accabler.

Ce rôle de l’habit jaune est encore plus accentué, ou, si l’on veut, plus exclusif dans le récit du Commentaire du Dhammapada. Ici, il n’y a ni époux, ni épouse jalouse ou non jalouse. Un chasseur, qui travaille pour lui-même et n’est le délégué ou l’émissaire de personne, a revêtu l’habit monacal pour mieux tromper des éléphants très dévots qui le saluent avec respect, chaque fois qu’ils passent devant lui, le prenant pour un Paccekabuddha ; et, chaque fois, le dernier du troupeau tombe frappé d’une flèche, sans qu’aucun puisse découvrir d’où la mort lui arrive. Ce troupeau finit par avoir un roi plus avisé qui se doute de ce que ce peut être. Il examine avec soin la situation : cet habit jaune ne lui dit rien qui vaille. Il marche le dernier du troupeau ; mais comme il est aussi méfiant que le héros du Kalpa-dr.av. est confiant, il évite la flèche meurtrière et se cache derrière un arbre. Le chasseur, persuadé que le coup a porté, arrive pour saisir sa proie et se trouve pris entre le tronc de l’arbre et la trompe de l’éléphant ; il allait être broyé quand l’éléphant, se ravisant par respect pour l’habit jaune ou pour ceux qui le portent, lui fait grâce et se contente de lui adresser la leçon exprimée dans les vers 9-10 du Dhammapada et 26-27 du Jâtaka 514, sur ce thème bien connu en Occident comme en Orient : « L’habit (ou la robe) ne fait pas le moine. »

Le roi qui a sauvé son troupeau au péril de sa vie,