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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/85

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LE CHADDANTA-JÂTAKA.

saigné pour l’accomplir ; et, d’ailleurs, l’arrivée du troupeau, qui pouvait survenir d’un moment à l’autre, aurait privé ceux qui voulaient ses défenses de la proie qu’ils convoitaient. Il y avait donc de sa part un réel sacrifice.

Dans le récit sanscrit, le Saddanta se livre à de profondes et mélancoliques réflexions ; il se rappelle le passé, la prédiction de Dîpankara, comprend que le sacrifice s’impose, que sa vie est dévouée aux autres êtres. Il brise donc ses défenses, à leur racine, contre une fente de rocher, et les remet au chasseur[1]. Le monde entier fut ébranlé par le choc des défenses contre le roc.

Ici encore, c’est la deuxième version chinoise qui se rapproche le plus du pâli. L’éléphant ne demande qu’à livrer ses défenses, mais il souffre trop pour le faire lui-même et ne peut que dire au « Docteur de la voie » de les prendre, lui exprimant tout son dévouement et ajoutant une petite leçon, non sur le port abusif de l’habit jaune, mais sur la façon dont les Bodhisattvas pratiquent les (vertus) Pâramitâs. Là-dessus, le faux Arhat coupe les défenses sans difficulté et s’éloigne. L’éléphant, qui « ne marche plus qu’en boitant, pousse un grand soupir, s’arrête, perd connaissance, meurt et renaît aussitôt dans le ciel ».

La première version chinoise n’est pas moins ori-

  1. Bham̃ktvâ dantavayam̃ mûlâllubdhakâya svayam̃ dadau. — C’est ici qu’il semble être question de deux défenses seulement. Qu’on lise dantadvayam ou dantâv ayam, on ne trouve littéralement que « deux » défenses.