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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/959

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NOUVELLES ET MÉLANGES.

Nous ne pouvons suivre MM. Pinches et Pognon dans l’interprétation qu’ils donnent du nom en question. D’après ces savants Idéogramme Rammân ou Adad correspondrait, comme idéogramme, à narâm et Merou serait l’équivalent de Idéogramme Rammân ou Adad. Nous ne pouvons l’admettre : ce serait, croyons-nous, le seul cas où on constaterait une lecture râmou « aimer » pour Idéogramme Rammân ou Adad[1]. Il est plus vraisemblable de supposer que le nom est, dans sa seconde forme, abrégé ; ce serait un exemple entre cent de ces abréviations si fréquentes dans l’onomastique assyro-babylonienne. On laissait tomber tantôt le nom divin, tantôt l’élément verbal ou nominal. Dans le cas présent c’est l’élément verbal qui a disparu. Idéogramme Immeroum à lire Immeroum, représente donc ici la prononciation de Idéogramme Rammân ou Adad. Notre hypothèse est confirmée par les formes Idéogramme et Idéogramme du même nom que je relève aux nos 63 et 57 et qui excluent toute lecture autre qu’une lecture purement phonétique. Un fait s’impose donc à nous, c’est l’existence d’un dieu Immerou ou Immer exprimé par l’idéogramme Idéogramme Rammân ou Adad.

Ce fait est d’ailleurs attesté par d’autres témoignages. M. Meissner (Beitr. zum altb. Privatrecht) a publié trois contrats datés du règne d’un Immerou. Ne trouvant pas ce nom sur les listes royales, M. Meissner a vu dans ce personnage un usurpateur qu’il a intercalé entre Zaboum et Apil

    (Z K, II, 161-178), cette démonstration est encore à faire (Cf. Schrader, ibid., 360-384. et Del. BA II 623). L’existence d’un dieu Bour est bien prouvée par le nom de ville Bour-mar-’a-na (Salm. Monol., I, 34 et 36) ; et celle d’un dieu Bêr par K 2729, l. 36, BA II, 667. Mais on n’est pas suffisamment autorisé à assimiler ces dieux à Idéogramme Rammân ou Adad. Quant à Idéogramme on ignore à vrai dire sa prononciation.

  1. Il est vrai que Idéogramme correspond à râmânou qu’il ne faut pas, croyons-nous, rattacher comme on le fait généralement à la racine רום, mais bien à la racine רחם (cf. rêmou רֶחֶם) « entrailles » ; ina râmânishou équivaudrait à ina libbishou). Mais si râmânou avec le sens spécial de « lui-même » est exprimé par Idéogramme il ne paraît pas que l’emploi de ce même idéogramme ait jamais été étendu à râmou avec le sens général d’« aimer».