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Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/116

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pour se costumer autrement. La troupe me parut assez exercée : c’était le dimanche fixé pour le serment des prêtres ; nous suivîmes la foule à l’église. — Là plusieurs ecclésiastiques firent leur serment de gaieté de cœur. — M. l’abbé Bernier prêt à faire le sien, voulut s’aviser de discourir contre le décret, un garde national le touche aussi-tôt en joue, en lui disant : « l’abbé, on ne vous demande que votre serment, ou votre démission, optez sur-le-champ ou sinon ». Cette petite scène, arrivée dans un tel lieu qui ne dura pas deux minutes, me révolta ; si je ne vous dis pas quelles furent mes réflexions, c’est que je crois pouvoir m’en dispenser. Le pauvre abbé, qui avait eu la bêtise de dire qu’il se ferait plutôt tuer que de jurer fidélité à la constitution civile du clergé, eut le bon esprit de ne pas soutenir ce qu’il avait avancé ; il aima mieux, selon ses sentimens, vivre