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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/101

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

entends citer de toute part. — Oh, madame, je ne suis pas digne de cet éloge ! — Comment avez-vous perdu votre jambe ? — Ce n’était malheureusement pas en servant mon pays comme soldat. — Monsieur, vous avez l’air très imposant, » et ces mots sont accompagnés d’un regard qui, sans être ce que Sir John Falstaff appelle « l’œillade engageante », revient à la même chose. Je réponds de la même façon, et m’en serais tenu là, mais elle me dit que M. de Chastellux lui a souvent parlé de moi. Cela fait durer la conversation au milieu de laquelle arrivent des lettres, dont l’une est de son amant (M. de Narbonne) qui vient de rejoindre son régiment. Cela lui donne des sujets de réflexions qui disparaîtront bientôt, je crois, et il est extrêmement probable que quelques entrevues pousseraient sa curiosité à tenter l’expérience de ce que peut faire un indigène du Nouveau Monde, qui y a laissé sa jambe. Malheureusement cette curiosité ne peut en ce moment être satisfaite, et je présume qu’elle disparaîtra. Elle engage une conversation avec Mme de Tessé qui blâme sans détour son approbation de Mirabeau, et ces dames s’animent jusqu’aux extrêmes limites de la politesse. Je retourne à Paris très fatigué ; le temps a été extraordinairement beau.


27 septembre. — Je lis aujourd’hui les propositions de M. Necker ; elles sont détestables, et je le crois certainement compromis. Je vois Mme de Flahaut qui m’expose le plan de l’évêque d’Autun pour les finances ; certains points laissent à désirer. Elle désire que j’aie une entrevue avec lui et le marquis de Montesquiou et s’efforcera de me la procurer. En parlant de choses et d’autres, nous composons un ministère et nous disposons de diverses personnes, envoyant Mirabeau à Constantinople et Lauzun à Londres. Je lui dis que ce dernier choix est mauvais, car Lauzun n’a pas les qualités requises ; mais elle répond qu’il faut l’y