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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

capital avancé par eux ce qui est son idée), on pourrait les inviter à une conversion, en donnant le capital correspondant à la rente, au taux de 5 pour 100 ; ce capital serait remboursable et produirait un intérêt de 6 pour 100 ; on commencerait alors à payer le capital avec l’argent obtenu à 4 pour 100, et tous les créanciers de l’État qui refuseraient de prendre du quatre pour cent seraient obligés d’accepter leur capital. Ce plan est aussi pratique que simple. Je soutiens qu’il est nécessaire d’obliger la Caisse d’escompte à régler ses comptes avant de donner une plus grande extension à cet établissement, qui, à l’avenir, devrait être en partie dirigé par les commissaires, pour éviter la fâcheuse situation actuelle ; en ce moment, les ministres qui sont du conseil d’administration ne servent qu’à en soutenir le crédit, ce qui amène une augmentation de capital fictif et de jeux de bourse, aux risques de la communauté. Il approuve cette première idée, mais ne goûte pas celle d’avoir des succursales dans les grandes villes. J’ai un plan d’ensemble sur lequel je ne me suis point suffisamment expliqué, et qui pourrait, je crois, être très avantageux au pays. Si l’occasion se présente de l’exécuter, je l’expliquerai en détail, mais à présent il me faut songer à autre chose.


5 octobre. — La ville est alarmée. Je vais à Chaillot voir ce qui se passe, mais l’on m’arrête au pont Royal. J’entre aux Tuileries. Une armée de femmes est partie à Versailles avec des canons. Étrange manœuvre ! Je me rends à pied chez M. Short qui va se mettre à table. Nous retournons ensemble à la place Louis XV. Ce tumulte est la conséquence de la nuit dernière ; l’entreprise est insensée. Je vais à l’Arsenal où je ne suis admis qu’avec difficulté. On est à dîner. Mme Lavoisier est retenue en ville, toutes les voitures étant arrêtées et les dames obligées de se joindre à la foule des femmes. Pendant que nous sommes à table, nous