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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/110

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

finances, au moyen de rétablir le crédit, etc. J’examine son projet sur les biens d’église, il s’y entête, mais quoique la chose soit bonne, la manière d’y arriver l’est moins. Il s’y attache comme en étant l’auteur ; mauvais symptôme pour un homme d’affaires. Cependant notre amie insiste si sérieusement auprès de lui qu’elle lui fait abandonner un point. Elle a un grand bon sens. Après le départ de l’évêque d’Autun, arrive le comte Louis de Narbonne, l’amant de Mme de Staël ; il se passe entre eux une vive scène de raillerie à propos d’une affaire entre l’évêque d’Autun et Mme de Staël. Il me semble que Narbonne est un ami intime de l’évêque. Il est très froissé au fond de la conduite de son ami, et très gaiement propose à la dame une plaisante revanche. Il demande à dîner. Elle cherche à me retenir, mais mon heure est venue et je dois retarder mes réflexions jusqu’à cet après-midi. Je la quitte pour aller chez de Corny. Il me montre sa lettre au roi à propos des subsistances. Je l’approuve, car il l’a envoyée ce matin. Je découvre que sa femme est au courant de toute l’affaire. Nous sommes au pays de la femme. Je vais chez La Fayette. Nombreuse société à dîner. Après dîner, je passe dans son cabinet et lui parle d’un nouveau ministère plus capable que le présent. Je cite l’évêque d’Autun pour les finances. Il réplique que c’est un homme mauvais et faux. Je discute cette assertion avec les raisons que l’on m’a déjà fournies. Je lui dis que par l’évêque il s’assure Mirabeau. Il en est surpris et m’affirme qu’ils sont ennemis. Je l’assure qu’il se trompe, et, comme mon information est la meilleure, il prend l’air de quelqu’un qui a été induit profondément en erreur. Je lui dis que, d’après l’évêque, le roi aurait dû lui donner immédiatement à lui, La Fayette, le ruban bleu. Cela le convainc, mieux que beaucoup d’actes, que l’évêque est un honnête homme. Montesquiou pourrait passer comme ministre de la guerre. Il ne l’aime pas beaucoup, mais c’est l’ami de