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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/112

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

matin et confère avec lui au sujet de notre dette en France. À propos de la manière dont nous devons traiter avec M. Necker, je fais connaître ma détermination d’agir très ouvertement. Laurent Le Couteulx voudrait marchander, et comme je traite avec mépris cette façon de faire, nous avons une conversation assez vive ; au cours de cet entretien, il me laisse voir combien mon indifférence le blesse. Je continue néanmoins à suivre la ligne droite, et Canteleu partage mes sentiments. Nous recevons encore quelques invités et nous nous mettons à table. La prévenance de M. et de Mme de Flahaut envers moi est évidente. À cinq heures, je vais chez Canteleu et nous rendons visite à M. Necker. Mme Necker nous invite à dîner mardi prochain. Nous passons au cabinet de son mari, et après un peu de bavardage, nous examinons la question de la dette des États-Unis envers la France. Je lui dis toute la vérité et l’assure que je ne m’engagerai dans aucun achat sans avoir en vue un bénéfice capable de me couvrir de tout risque, et qu’il devra faire un sacrifice. Canteleu lit la note que j’ai remise au maréchal de Castries, et finalement nous examinons la somme de seize à vingt millions. Il propose ce dernier chiffre ; nous en reparlerons mardi. Je vais chez Mme de Flahaut qui me quitte, me laissant plongé dans la lecture de la Pucelle. Elle sort dans ma voiture et revient après une courte visite. J’attends jusque près de onze heures, mais, comme l’évêque ne vient pas, je me retire.


11 octobre. — Je vais ce matin à mon rendez-vous chez La Fayette. Il me fait attendre assez longtemps. Je découvre qu’il ne veut s’engager en rien en ce qui concerne un nouveau ministère ; aussi je lui demande distraitement s’il a pensé au sujet de notre dernier entretien. C’est une entrée en matière. Je lui expose la situation présente de la France et la nécessité de réunir des hommes de talent ayant des principes favorables à la liberté ; s’ils étaient