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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/12

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ii
PRÉFACE.

tique qui ne quitta pas la France après la Révolution du 10 août ; il y resta jusqu’en août 1794, époque de son remplacement par le célèbre Monroë.

Du mois de février 1789 au mois d’août 1794, il a donc été témoin oculaire du grand drame, auquel il prit souvent une part active. Nous le trouvons partout ; il est à Versailles les 4 et 5 mai et le 6 octobre ; il visite les cachots de la Bastille le 16 juillet ; rien enfin ne le laisse indifférent. Il nous apprend qu’en août 1789 le roi, effrayé des progrès de la Révolution, songe à fuir en Espagne ; en 1792, quelques jours avant l’insurrection qui devait le renverser du trône, c’est à Morris que, prévoyant l’invasion des Tuileries, Louis XVI remet tout l’argent qu’il possédait au château, et qu’il veut préserver du pillage ; c’est encore avec l’aide de Morris qu’il cherche à s’évader du Temple, car, bien qu’il fût républicain sincère en Amérique, toutes les sympathies de Morris en France sont pour la famille royale ; il cherche à empêcher le roi d’accepter la Constitution de 1791, et chaque fois qu’il parle de la reine, il le fait en termes attendris. Lorsqu’en pleine Terreur il s’établit à dix lieues de Paris, sa maison de Seine-Port, près Melun, est le refuge de nombreux proscrits, qui lui vouèrent dès lors une éternelle reconnaissance.

Sa qualité d’étranger lui permet de juger des personnes et des choses avec une impartialité relative. Malheureusement, ses notes journalières n’ont point été écrites en vue de la publication. Morris y consigne tout, et un menu de dîner y côtoie, par exemple, la