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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

indiqué la quantité que je voulais livrer, le prix et les échéances. Je lui réponds qu’il doit y avoir un malentendu et prends congé de lui.


20 novembre. — Je me lève de bonne heure aujourd’hui pour aller à l’Assemblée. J’y reste jusqu’à quatre heures. Séance ennuyeuse, à laquelle j’ai gagné une violente migraine. Mirabeau et Du Pont sont les deux orateurs en faveur du plan de M. Necker, qui attirent le plus l’attention, mais ni l’un ni l’autre, à mon avis, ne s’en tire à son honneur dans la manière de le discuter. Il sera probablement adopté et dans ce cas, je crois qu’il sera fatal aux finances françaises, et qu’il les désorganisera complètement pour quelque temps à venir. Souper chez Mme de Staël ; je lui donne mon avis sur les discours de ce matin, et lui indique un ou deux points sur lesquels M. Du Pont était dans l’erreur. Cela lui déplaît, car il défendait le plan de son père, plan qu’elle déclare nécessaire.


24 novembre. — Dîné aujourd’hui avec le prince de Broglie. Le comte de Ségur est avec nous ; la société est agréable. L’évêque est du nombre. Après le dîner, je lui dis quelques mots des objections que beaucoup font aux adversaires du plan de Necker, parce qu’ils n’en présentent pas de meilleur. Je vais ensuite chez M. Necker. Le maire et le Comité de subsistance attendent pour lui parler. Je lui fais passer mon nom et il vient jusqu’à l’antichambre. Je lui dis que je ne peux pas entreprendre de lui fournir du blé, car il me faudrait demander un prix extravagant ou risquer une perte ; la première alternative ne me plaît point et je ne veux pas m’exposer à la seconde ; si, pour en avoir, il a un autre plan où je puisse être utile, je suis à ses ordres. Il est un peu désappointé de cette nouvelle. Je le quitte pour présenter mes respects à Mme Necker, puis je me rends au Louvre. Les insurgés du Brabant semblent bien