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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/166

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

il me sera difficile de ne pas accepter, mais que je désire que l’on ne me l’offre pas.


5 décembre. — Ce matin M. Parker passe chez moi me dire que Necker traitera aux conditions que je dois lui soumettre. Il ajoute qu’il est convaincu, d’après sa conversation avec Ternant, qu’on n’aurait pas permis à Necker de traiter pour la dette au-dessous du pair, et que, par suite, aucun arrangement n’aurait pu se faire qu’à titre privé. Je vais dîner chez Mme Necker. Mme de Staël vient et à l’instigation de son mari, m’invite à dîner mercredi prochain. À dîner, nous traitons assez librement des sujets politiques, et à propos d’une remarque que je fais, Necker s’écrie en anglais : « Nation ridicule ! » Il ignore que mon domestique comprend l’anglais. Après le dîner, je lui demande en aparté s’il a examiné ma proposition. Il me dit qu’un certain colonel Ternant a un plan. Je réplique que celui que je propose maintenant est le même, que ma dernière proposition comprenait le maximum consenti par les maisons d’ici, et que par suite ce que j’offre maintenant se passe de leur concours. Il demande si nous sommes prêts à livrer les effets français ; je réponds négativement. Il me dit alors qu’il ne peut écouter des propositions ne lui donnant aucune solide garantie. Je lui réplique qu’aucune maison en Europe ne pourrait garantir une si grosse somme, qu’une telle garantie serait contraire au bon sens, mais qu’il ne courra aucun risque, car il ne se dessaisira des effets que contre payement. Il objecte que même alors il n’aura aucune certitude quant au payement, et veut savoir comment je ferai l’opération. Je lui explique que c’est grâce à nos relations en Amérique et en Hollande, que nous pouvons faire de meilleures affaires que lui, et par conséquent nous pouvons lui faire de meilleures conditions que les autres. Il insiste pour que la proposition présente de solides garanties avant de l’examiner ; je lui