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Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/185

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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

beaucoup d’autres, heureux encore si les changements que l’expérience conseillera ne ramènent pas une autorité trop sévère. Il ne partage pas cette façon de voir. Je suppose que l’on trouvera bien quelque expédient, mais rien d’efficace. Je vais de là au Louvre. Mme de Flahaut est désolée ; elle a pleuré toute la journée. Je la supplie longtemps de m’en dire la raison. Les pensions qu’elle recevait de Monsieur et du comte d’Artois sont suspendues ; elle ne reçoit que 3,000 francs de celle du roi, il lui faudra donc quitter Paris. J’essaye de la consoler, mais c’est impossible… Le coup est dur, il est vrai, car, malgré sa jeunesse, sa beauté, son esprit et toutes ses grâces, elle doit quitter tout ce qu’elle aime et passer sa vie avec ce qui lui répugne le plus. Je vais de là chez Mme de Chastellux. Short s’y trouve. Je répète, en parlant du parlement de Bretagne, ce que j’ai déjà fait observer à La Fayette, que l’Assemblée doit agir avec beaucoup de précaution envers les Bas-Bretons ; mais il me répond, comme La Fayette, que les neuf dixièmes de la province sont pour l’Assemblée. J’en doute, car le style, calme et ferme, de l’adresse du parlement montre qu’il est sûr d’être soutenu, et que les provinces voisines de la Bretagne traversent une crise.


11 janvier. — Je vais ce matin à la fabrique de porcelaine pour voir des incrustations sur verre ; ce sont des oiseaux composés de plumes et autres objets naturels du même genre ; cette reproduction approche naturellement plus de la vérité que la peinture. Le fabricant est présent, et nous demandons le prix d’un surtout pour une table de dix pieds sur deux. C’est deux mille francs, et livrable seulement en octobre. Je vais au Luxembourg dîner avec le comte Louis de Narbonne. Le dîner et les vins sont excellents ; j’y rencontre le comte d’Alfry, le duc de N…, le chevalier de Narbonne, Mme de Vintimille et Mme de Fron-